En Norvège, pays où le parc automobile est le plus « électrisé » du monde, le succès des véhicules électriques pourrait amener les Pouvoirs publics à revoir leur politique.
En Norvège, va-t-on supprimer les privilèges qui ont permis aux véhicules électriques de proliférer dans les villes ?
Les chauffeurs de bus pestent contre les nombreuses voitures électriques qui provoquent des bouchons dans les couloirs de transport collectif qu’elles ont le droit d’emprunter. Elles ont aussi le droit de se garer gratuitement sur les parkings publics, de s'y recharger sans frais et de franchir les péages urbains à l'oeil. Surtout, ces voitures sont exemptées des taxes, extrêmement lourdes en Norvège, qui pèsent sur leurs
"cousines" à carburants fossiles.
Un véhicule électrique pour 160 habitants
Ces mesures très généreuses ont produit leur effet: 32.000 voitures électriques circulent aujourd'hui sur les routes norvégiennes, soit un véhicule pour 160 habitants, chiffre le plus élevé dans le monde.
Pour la société, ces retards ont un coût. Le temps perdu par des milliers de passagers des bus bloqués dans la circulation est bien supérieur à celui gagné par quelques dizaines de conducteurs de voitures électriques.
Les voitures électriques représentent déjà jusqu'à 85% du trafic dans les couloirs de transport collectif aux heures de pointe, selon une étude réalisée par l'Administration des routes publiques sur un tronçon fréquenté des abords d'Oslo.
13% du marché automobile
De la populaire Leaf de Nissan à la Tesla S, les voitures électriques représentent environ 13% des ventes de véhicules neufs depuis le début de l'année, une part de marché sans équivalent ailleurs.
La popularité des voitures électriques a pris de vitesse les autorités qui prévoyaient de maintenir les mesures incitatives jusqu'en 2017 ou jusqu'à ce qu'il y ait 50.000 exemplaires en circulation.
Or, au rythme actuel, ce volume pourrait être atteint dès le début 2015, obligeant le gouvernement à reconsidérer sa politique. Une politique coûteuse puisque les seules exemptions fiscales représentent jusqu'à 4 milliards de couronnes (500 millions d'euros) de manque à gagner, selon les propres estimations de l'État.
"Il se pourrait que l'on fasse des ajustements à la baisse à l'avenir", a récemment indiqué le Premier ministre, Erna Solberg, au journal VG. "Mais je peux promettre aux automobilistes qu'il y aura encore des avantages fiscaux pendant des années à conduire une voiture électrique."
L'économie avant l'écologie
L'engagement est important car 48% des propriétaires de voiture électrique disent avoir acheté leur véhicule principalement pour économiser de l'argent.
Selon l'enquête de l'Association pour la voiture électrique, seuls 27% affirment l'avoir fait par souci pour l'environnement et 12% pour gagner du temps dans leurs trajets.
"Il est trop tôt pour supprimer les avantages fiscaux. Le marché n'est pas encore suffisamment concurrentiel" par rapport à celui des voitures à moteur à combustion", estime la secrétaire générale de l'organisation, Christina Bu.
"Si l'exemption de taxe et de TVA devait prendre fin, le marché pourrait s'effondrer et il serait alors difficile d'atteindre les objectifs climatiques que la Norvège s'est fixés. On doit augmenter le nombre de voitures électriques, pas le baisser", souligne-t-elle.
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