Directeur du site de Mulhouse depuis quatorze mois, Luciano Biondo quitte le groupe PSA. Une démission surprise aux allures de bombe.
Luciano Biondo n’a pas dit un mot.
« Trop ému, au bord des larmes » , témoigne un responsable syndical présent hier vers 8 h 30, lorsque le directeur industriel du groupe PSA, Denis Martin, a annoncé la démission du directeur du site mulhousien. Denis Martin, initialement, était seulement en Alsace pour évoquer le projet Porte Sud consistant à céder une partie des terrains inutilisés. Pour le coup, le directeur industriel de PSA a dû rassurer les représentants syndicaux, KO debout, excepté la CGT, après l’annonce de cette décision soudaine.
Officiellement, Luciano Biondo va prendre, dans un autre groupe automobile, des responsabilités qui lui étaient impossibles de refuser. Évidemment, tous les regards se tournent vers le premier constructeur mondial, Toyota, où Luciano Biondo a travaillé de 2000 à 2006, y gardant de nombreuses relations, notamment au siège européen.
Un directeur qui a su fédérer
En poste à Mulhouse depuis le 1er octobre 2012, le directeur démissionnaire a profondément modifié les méthodes de travail, appliquant celles qui avaient fait son succès à Trnava (Slovaquie). Dès son arrivée, il a réduit le nombre d’équipes, transférant le personnel pour obtenir une hausse des cadences de 42 à 50 voitures/heure. Il a aussi fait évoluer les mentalités par une très grande force de conviction, imposant une plus grande flexibilité.
Dans le même temps, il a su convaincre le personnel de la gravité de la situation de PSA et donc de la nécessité de faire des efforts. À son arrivée, il se donnait trois ans pour hisser l’usine alsacienne parmi les centres de production les plus compétitifs, hors taux horaire, du groupe automobile. Il a, à ce titre, partiellement réussi. Le lancement de la Peugeot 2008 et la montée en cadence pour faire face à la demande commerciale plus forte que prévue est l’un de ses succès personnels.
Pour autant, sa démission surprise, si elle est d’abord liée à une nouvelle orientation professionnelle, est aussi la conséquence de divergences quant à la stratégie suivie à l’échelle du groupe. Pas sûr que Luciano Biondo n’ait pas pris conscience que tous ses objectifs ne pourraient être atteints en cette période où chaque investissement est examiné à l’aune de la délicate situation financière du groupe.
Vu par Varin comme « le nouveau PSA »
« C’est le nouveau PSA. La prime à la compétence », disait de Luciano Biondo ( Le Monde du 25 février 2013) le président du directoire de PSA, Philippe Varin, lequel n’avait pas hésité à bousculer les habitudes de la grande maison en nommant un directeur sans diplôme d’ingénieur. Sauf, qu’aujourd’hui,
« le nouveau PSA » est parti.
Sa remplaçante, Corinne Spilios, prendra ses fonctions dès lundi et est attendu sur le site mardi. Agée de 43 ans, elle est diplômée des Hautes Études d’ingénieur de Lille et de l’École nationale supérieure des Arts et Métiers. Elle a débuté sa carrière chez PSA Peugeot Citroën en 1995 en tant qu’ingénieur qualité avant d’occuper, depuis septembre 2011, les fonctions de directrice de la qualité du site de Rennes. Son profil est donc bien différent de celui de Luciano Biondo.
Sa première mission sera de rassurer un personnel sous le choc du départ d’un directeur qui avait réussi à faire souffler un souffle dynamique sur l’ensemble du site.
http://www.lalsace.fr/haut-rhin/2013/11 ... l-embarras