En réaction à l'annonce, mercredi 7 août, du déversement de plus 300 tonnes d'eau contaminée chaque jour dans l'océan Pacifique près de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon, la compagnie exploitante du site, Tokyo Electric Power (Tepco), a commencé à pomper vendredi 9 août l'eau souterraine radioactive.
Très critiqué au lendemain de la catastrophe nucléaire en mars 2011, Tepco, a précisé avoir creusé un puits et pompé 13 tonnes d'eau. "C'est une tâche urgente pour nous de pomper cette eau souterraine le plus vite possible", a déclaré vendredi un porte-parole de Tepco.
Qualifiées de "situation d'urgence" mardi par l'Autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA), ces fuites ont été estimées par Tepco, en termes de radioactivité, de 20 000 à 40 000 milliards de becquerels entre mai 2011 et juillet 2013.
Confrontée à un manque de moyens de traitement, de stockage et de confinement de cette eau, Tepco a dû reconnaître fin juillet, pour la première fois, qu'une partie de cette eau s'était déversée dans l'océan voisin, après avoir longtemps nié les faits.
Selon l'expert français Jérôme Joly, directeur général adjoint de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), l'impact environnemental de ces fuites d'eau contaminée resterait toutefois marginal par rapport à la radioactivité totale émise en 2011 au moment de l'accident.
UN DÉMANTÈLEMENT SUR PLUS DE QUARANTE ANS
Ces rejets dans le Pacifique n'étaient cependant un secret pour personne. En janvier par exemple, un poisson pêché près de la centrale présentait un niveau de contamination radioactive plus de 2 500 fois supérieur à la limite légale – au grand dam des pêcheurs de la région.
Ces fuites d'eau radioactive sont issues du refroidissement des réacteurs ravagés. De l'eau douce y est injectée en permanence pour les maintenir à une température inférieure à 50 ºC. Chaque jour, ces opérations produisent 400 tonnes d'eau hautement radioactive, dont une partie est stockée dans des réservoirs souterrains. Tepco a reconnu que certains d'entre eux fuyaient.
Les suites de la catastrophe nucléaire sont loin d'être stabilisées dans la centrale de Fukushima, où les incidents sur le chantier se multiplient, et où l'état des réacteurs endommagés, toujours à la merci d'un séisme, continue d'inquiéter. Le démantèlement complet des installations devrait prendre une quarantaine d'années, et l'Etat a déjà versé près de 30 milliards d'euros à Tepco, qui ont servi à sécuriser le site et à indemniser plus d'un million de victimes. Environ 3 000 ouvriers travaillent dans ce chantier de déconstruction, le plus grand de l'histoire du nucléaire. En juillet, Tepco a annoncé que 2 000 d'entre eux risquaient un cancer de la thyroïde.
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