Prudence et discrétion. Le constructeur français Renault se montre très discret, quelques heures après l'annonce du renforcement des sanctions à l'encontre de l'industrie automobile iranienne par les États-Unis. Par décret, le président américain Barack Obama souhaite affaiblir la "source majeure de revenus pour l'Iran" que représente son secteur automobile.
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Or, si Renault n'est pas directement présent au pays des mollahs (aucune usine du constructeur français n'y est implantée), la marque au losange fournit deux prestataires. Des "sociétés partenaires" comme elles sont appelées chez Renault, qui produisent essentiellement des Mégane et des Logan. Le tout, avec des pièces fabriquées dans des usines Renault, exportées pour l'assemblage en Iran.
L'Iran, le huitième marché mondial de Renault
Or, Barack Obama vise explicitement, dans le décret publié par la Maison-Blanche,
"la vente, la fourniture ou le transfert de biens ou de services importants liés à la construction ou à l'assemblage en Iran de véhicules légers et lourds, dont des voitures particulières". "Nous n'avons aucun commentaire à faire à ce sujet aujourd'hui", explique-t-on chez Renault où l'on reconnaît "ne pas être très loquace sur le sujet".
Pourtant, le constructeur français suit l'évolution de la situation de très près. L'an dernier en effet, l'Iran représentait le huitième marché mondial en termes de ventes avec 100 783 véhicules vendus, soit 9,80 % de part de marché. Un marché iranien plus florissant pour Renault que l'Italie (96 144 voitures vendues en 2012) ou encore l'Espagne (83 366) !
Les menaces de ces nouvelles sanctions, mais aussi le contexte politique actuel - les Iraniens sont appelés aux urnes, dans deux semaines, pour la présidentielle - encouragent Renault à la prudence sur ses ventes :
"Nos prévisions en termes de volume sont moins importantes pour cette année", reconnaît-on chez le constructeur français.
Quand PSA voyait (aussi) ses ventes chuter en Iran
Les difficultés de la marque au losange en Iran rappellent celles vécues, en juillet dernier, par PSA. Après l'annonce de la suppression de 8 000 postes, certains syndicats avaient pointé du doigt l'impact de la baisse des ventes en Iran.
"Peugeot aurait dû vendre 200 000 véhicules là-bas", avait alors souligné Jean-Pierre Mercier, délégué CGT d'Aulnay, qui soulignait l'importance "de la décision politique de ne pas vendre en Iran".
Pourtant, présent depuis l'époque du Shah, Peugeot - dont la République islamique représentait le deuxième marché au monde au 2011 - avait pâti de sa fusion avec General Motors. Une alliance qui a imposé au constructeur français de rompre ses liens avec l'Iran : le géant américain devait se plier aux nouvelles restrictions imposées par la Maison-Blanche et, surtout, avait exigé que Peugeot fasse de même.
Une problématique que pourrait connaître Renault avec sa consoeur Nissan : à la différence du constructeur français, la firme japonaise est présente aux États-Unis. Et dépend donc, en théorie, des restrictions imposées par les États-Unis en Iran. Mais sur ce sujet comme sur l'ensemble du dossier, Renault préfère botter en touche. "Pour l'instant, nous faisons profil bas. C'est un sujet sensible et nous verrons l'évolution de la situation." Une évolution qui aura des conséquences indéniables sur celle du marché automobile iranien et, a fortiori, sur les ventes à l'international du géant français.