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par Web » jeu. 2 févr. 2012 14:33
Synthèse des travaux d’analyse
des accidents mortels
de l’année 2011
Institut d’Etude
des Accidents de la route
CONCLUSION DU RAPPORT :
L’alcool est évidemment le problème majeur. Il y a une minorité d’automobilistes qui
circulent sous l’influence de l’alcool (3,5%) mais cette population est impliquée dans 35%
des morts. Même s’ils paient eux-mêmes un lourd tribut à l’alcool, on ne peut se satisfaire de
cette situation.
On a observé par ailleurs la très forte corrélation entre vitesse et alcool dans les
accidents mortels entraînés par la perte de contrôle d’une voiture en agglomération. Des
accidents qui sont incompréhensibles pour tout un chacun.
Sur routes, la corrélation avec l’alcool est également forte, mais moindre, pour les
pertes de contrôle en virage, pour les dépassements et pour les chocs arrière. Dans
ces accidents, il coexiste deux types de populations ; l’une alcoolisée (sortie de discothèque)
et l’autre imprudente et pressée.
L’impact d’une vitesse excessive ne peut donc pas se cumuler avec celui de l’alcool
car ils se recoupent en grande partie.
Après l’alcool et la vitesse, l’autre point majeur de cette analyse porte sur les pertes de
contrôle sur route en ligne droite et sans motif (1130 morts soit 28% du total des tués).
Les explications officielles sont la vitesse et le téléphone.
• La vitesse parce que c’est sur les lignes droites que s’effectuent les mesures de vitesse
et que les variations de vitesse moyenne servent de support aux jugements que l’on
porte sur le comportement des automobilistes.
• Le téléphone parce qu’il n’est pas raisonnable de téléphoner en conduisant car c’est
dangereux. Mais on n’a jamais mesuré directement l’impact de ce risque alors qu’il est
possible de le faire en demandant, pour chaque accident mortel, la communication des
éléments nécessaires aux opérateurs. Pourquoi ne le fait-on pas ?
En ce qui concerne la vitesse, il nous semble que l’on fait un amalgame entre virage et ligne
droite. Une vitesse excessive en ligne droite n’entraîne pas une sortie de route dans la ligne
droite mais dans le premier virage qui se présente ! Or les 1130 morts que l’on a relevés
résultent d’un déport sur la droite ou sur la gauche en pleine ligne droite.
Au vu des éléments dont nous disposons désormais, nous estimons que le rôle des
explications officielles est marginal dans les accidents en ligne droite et que c’est la
somnolence qui est en cause dans la majorité des cas. En cela nous rejoignons l’opinion
générale des automobilistes.
De plus, cette interprétation cadre parfaitement avec toutes les études faites jusqu’à présent
sur la somnolence au volant dont l’impact était généralement évalué à 20% du total des tués.
Or notre estimation aboutit à 18,13%.
Le dernier aspect de l’analyse concerne les personnes vulnérables.
Dans une très grande majorité les piétons sont renversés lorsqu’ils traversent la chaussée.
Le droit est pour eux et la loi impose désormais aux automobilistes d’anticiper le
comportement du piéton.
Certes il y a des chauffards et ils font des victimes, mais dans la majorité des cas il apparaît
que le conducteur est surpris. Et la nuit le piéton n’est guère visible pour l’automobiliste, que
ce soit en ville ou sur la route.
Les piétons ont intérêt à prendre soin de leur sécurité car la loi ne peut pas faire de miracle
et rendre visible ce qui ne l’est pas.
Le cas des piétons âgés est plus préoccupant car il est probable qu’ils perdent
progressivement la capacité de percevoir et d’apprécier correctement le danger qui les
entoure. Leur comportement surprend donc les automobilistes.
Le cas des cyclistes est différent car ils circulent sur la chaussée, leur équilibre est instable
et leur trajectoire n’est pas toujours rectiligne.
Leur accidentologie résulte pour une part importante des dépassements et pour une autre
part importante de comportements imprudents compte tenu du fait qu’ils ne sont pas seuls
sur la chaussée.
En ce qui concerne la visibilité nocturne sur la route, la situation n’est pas très différente de
celle des piétons.
Il y a enfin les Deux Roues motorisés qui constituent une population qui doit cohabiter avec
les voitures et les camions.
Si la moto présente beaucoup d’attrait et de souplesse, son utilisateur est vulnérable parce
qu’il doit maîtriser le poids de la machine, son accélération fulgurante, son instabilité à faible
vitesse, la difficulté de freiner et de modifier la trajectoire à vitesse élevée ainsi que le fait
qu’il n’est pas protégé par une carrosserie et qu’il est éjecté au moindre choc. Sans oublier
non plus que la conduite d’une moto est plus fatigante que celle d’une voiture.
Les faits démontrent qu’il y a quelques types d’accidents comme le « tourne à gauche » d’un
automobiliste sur route (voir F4 page 21) ou les intersections en ville (voir E3 page 13) qui
semblent spécifiques aux 2RM.
Ceux-ci évoquent le fait que les automobilistes ne les voient pas ou les ignorent. Mais
pourquoi dans certains types d’accidents et pas dans les autres ?
A ce titre, c’est aussi aux « Deux Roues motorisés » d’assurer leur sécurité (1/3 d’entre eux
décède dans des accidents sans collision) en prenant en compte les risques que comporte
leur très grande vulnérabilité.