Re: Carnet de route ...
Posté : dim. 28 sept. 2014 15:44
Je connais la personne grièvement blessé, rencontré à plusieurs rasso, Davy, j'espère qu'il va s'en sortir....
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Le Davy qui était sur le forum avec un Speedy ??bez58 a écrit :Je connais la personne grièvement blessé, rencontré à plusieurs rasso, Davy, j'espère qu'il va s'en sortir....
Chris06 a écrit :Je ne sais si un post a été déjà consacré à cette nouvelle sur le forum: je n'ai rien vu mais bon, si c'est malgré tout le cas, veuillez m'excuser.
Gianni Lancia, le fils du fondateur Vincenzo, et patron de la maison Lancia de 1948 à 1955, est décédé le 30 Juin 2014, à St Jean Cap Ferrat à près de 90 ans.
Ici, en pleine discussion avec Vincenzo Florio lui-même, le fondateur de la Targa Florio.
Je retrace rapidement sa carrière, en résumant très librement un article paru en Aout dernier dans la revue "Automobilismo d'Epoca", une passionnante revue italienne consacrée, on le devine sans peine, aux automobiles anciennes et à laquelle je me suis abonné: je lis (lentement) l'Italien... automobile!
Donc, Vincenzo Lancia, créateur de la maison Lancia en 1906 décède d'un infarctus en 1937, son épouse Adèle prend les rênes de l'entreprise au débotté, puis le cousin Arturo prends la suite mais meurt, lui aussi d'un infarctus, en '48. Voilà donc Gianni Lancia, 24 ans, tout récemment diplômé ingénieur de l'Université de Pise qui devient le patron de la Lancia. On est au sortir de la guerre de 39-45, le plan Marshall est là pour aider les entreprises européennes à se relever du conflit et Gianni projette une petite voiture (1000cm3) pour motoriser l'Italie, projet qui devrait logiquement attirer les dollars espérés. Mais voilà... à la différences de toutes les entreprises automobiles concurrentes, les subsides américains indispensables ne parviendront jamais dans les caisses de Lancia: le patron est réputé avoir des sympathies communistes, des idées "progressistes"... Sans aide extérieure, Gianni se tourne donc vers la course automobile: gagner le dimanche pour être dans les journaux le lundi, c'est à l'époque une excellente façon de faire de la publicité; et avec panache! Parce que c'est le style du bonhomme et ça le restera jusqu'à la dernière Lire. Les deux sœurs cadettes et le conseil d'administration ne sont pas vraiment d'accord et le seront de moins en moins avec les années qui passent et les dépenses qui augmentent, et malgré les succès sportifs indéniables. Il faut savoir que le père et fondateur Vincenzo (pilote lui même... mais pour Fiat!) n'a jamais voulu engager officiellement en course la moindre voiture, laissant les privés le faire à sa place. Mais le fils Gianni est passionné par la course automobile au delà du raisonnable et il est prêt à tous les sacrifices, toutes les dépenses pour faire triompher sa marque; et ce avec style. Il engage plus de voitures en course que Enzo Ferrari, emmène jusqu'à cinq fois plus de mécaniciens; il engage les meilleurs ingénieurs (V.Jano) et les meilleurs pilotes (Castellotti, Ascari, Villoresi); il fait équiper un camion spécial pour transporter les voitures sur deux niveaux avec atelier intégré, du jamais vu à l'époque; il traite royalement ses pilotes, voire les paye une année pleine à ne pas courir, attendant juste que la voiture soit prête. Et Gianni Lancia refuse la présence du moindre sponsor!! Côté sportif, c'est également la grande classe: la D24 gagne la Carrera Panamericana '53 (1er Fangio, 2eme Taruffi, 3eme Castellotti sur D23), les Mille Miglia '54 (Ascari), la Targa Florio '54 (Taruffi), etc, etc... quand les Aurelia trustent, elles, les victoires de classe.
Mais Gianni Lancia -pourquoi en rester là?- décide surtout de construire une monoplace F1 avec la fantastique D50 de l'ingénieur Vittorio Jano, débauche Ascari et Villoresi sous contrat en GP avec Ferrari... Mais cette fois, l'investissement est absolument exorbitant. D'autant que dans le même temps, Gianni Lancia ordonne la construction du building Lancia, le plus haut de Turin à l'époque, enjambant la Via Vincenzo Lancia:
Le conseil d'administration est vent debout mais la F1 sera construite, avec certes quelque retard de mise au point qui l'empêcheront pour être prête à temps pour le début de la saison 1955, mais c'est une voiture extraordinaire. Malheureusement, tout tourne mal. A son bord, Alberto Ascari, le principal pilote de l'écurie, plonge dans la Méditerranée à Monaco et s'en sort avec beaucoup de chance légèrement blessé. Et ce même immense pilote se tuera un mois plus tard, fin Mai, à Monza, en participant amicalement à un essai libre (voire improvisé) au volant d'une Ferrari. Enfin vient l'interdiction de multiples courses suite à l'accident de Pierre Levegh aux 24h du Mans en Juin. Et, à ce moment, c'est non seulement le conseil d'administration et la famille qui s'oppose à Gianni Lancia mais aussi les créanciers qui réclament leur dû, le cimentier ItalCementi en premier lieu, qui a construit le building turinois: son patron Gianpierro Pesenti prend les rênes de Lancia en mettant en demeure Gianni -et même ses sœurs!- de quitter purement et simplement la société. Grand seigneur, Gianni Lancia offre les six monoplaces D50 à Enzo Ferrari avec les pièces de rechange qui vont avec: la voiture n'était pas si mal née puisque l'année suivante ce sera Juan Manuel Fangio qui remportera le championnat du monde sur… une Lancia D50 rebaptisée Ferrari.
Gianni Lancia partira au Brésil, se mariera avec une actrice française (niçoise), Jacqueline Sassard (c'est elle, par exemple, qui joue "Why" dans "Les Biches" de Claude Chabrol) et il reviendra vivre avec son épouse entre Saint-Jean Cap Ferrat et Turin, très discrètement.